L'éveil
"On ne s'éveille pas, c'est ce qui a été éternellement éveillé qui se réalise. Ce qui est éternellement éveillé est ce que vous êtes."
Cette citation d'Adyshanti* m'a touchée à bien des égards et m'a rappelé un aperçu de la vérité que j'ai rencontré il y a quelques années. Un aperçu de la paix et de l'acceptation de tout ce qui existe.
La vie a continué, avec des hauts et des bas, de nouvelles personnes, de nouveaux lieux, de nouveaux défis, de nouvelles idées, de nouveaux rêves, de nouveaux échecs et même de nouvelles langues. N'est-ce pas merveilleux de vivre cette expérience dans un corps humain ? Toutes les odeurs, les bruits, les couleurs, les formes. Les sensations de froid et de chaud, les sentiments d'origine et d'expression inconnues et indescriptibles. Et entre tout cela et bien plus encore, piégés dans le cerveau humain, il y a nos esprits. Nos esprits bavards. C'est peut-être ce qui nous maintient en vie ? C'est peut-être ce qui nous tue. C'est ce qui nous rend malheureux et heureux en une seconde. Je ne dis pas que l'esprit est l'origine ou n'est pas l'origine de quoi que ce soit. L'être humain est bien trop sophistiqué pour vouloir le limiter en affirmant qu'une fonction est responsable d'une seule action. Pourtant, la fascination exercée par notre esprit et, en particulier, la souffrance que nos pensées engendrent, me poussent à m'interroger. Je continue à poser des questions. Je continue à analyser mes propres pensées et à interroger les autres.
Les pensées. Les croyances. Ce que nous nous racontons à chaque instant. Nos histoires. S'éveiller pour réaliser ce que nous sommes. Pour lâcher toutes les histoires et en créer une nouvelle.
C'est un processus continu. Pour moi en tout cas. À un moment donné, je me rends compte que je ne suis personne, que je ne fais que ressentir. Il y a ce sentiment, que vous ne pouvez pas exprimer avec des mots, un sentiment sans mots, où quelque part à l'intérieur vous savez - c'est qui ou ce que vous êtes. Et puis il vous quitte à nouveau. Aussi vite qu'il est venu. Il est facile de le retrouver, mais pas facile de le maintenir. Et cela nous aide énormément lorsque nous sommes pris au piège dans des situations préoccupantes. Dans les problèmes quotidiens. Mais ce n'est pas une échappatoire. Et c'est là que je veux m'expliquer un peu. C'est là que je vois que la spiritualité s'est égarée de nos jours. Ou peut-être pas la spiritualité, mais les chercheurs.
La vie est noire et blanche. Le haut et le bas. La vie, c'est juger pour survivre. La vie, c'est agir. La vie, c'est aussi l'acceptation de tout ce qui existe, le détachement de nos histoires, de nos souhaits, de nos croyances et de nos rêves. Lorsque nous entreprenons ce voyage et que nous nous réveillons à la réalité, nous ne nous sentons plus attachés à nos histoires, mais nous avons toujours les mêmes tâches à accomplir chaque jour. Et nous sommes toujours confrontés à des situations qui nous mettent mal à l'aise. C'est la vie. Une personne éveillée ne mène pas une autre vie qu'une personne endormie. De l'extérieur, c'est la même chose. La seule différence est la capacité d'accepter les choses telles qu'elles sont. Comprendre que chaque être a son propre chemin. Chaque moment a son propre programme. Tout est "bon", même ce qui n'est pas bon. Bon ne veut plus dire bon - il veut dire - c'est comme ça.
Le piège suivant est de penser que nous devenons des êtres sans sentiments, agissant comme des machines, acceptant tout. Non, ce n'est pas le cas. Vous, tout éveillé que vous êtes, décidez à chaque instant de ce que vous voulez faire. Dans quelle direction aller. C'est là que vous utilisez votre jugement. Vous écoutez et ressentez à l'intérieur de vous et vous agissez. L'action qui vous semble la plus juste à ce moment-là. Vous agissez sans autre objectif que de suivre votre propre cœur, votre propre vérité intérieure. Et vous répétez cela. Encore et encore et encore. À chaque instant, après chaque action.
Le but n'est pas d'avoir une expérience positive. D'avoir une expérience sans douleur. Une expérience réussie. Une expérience "tout ce que vous voulez". Le but est de s'éveiller à qui vous êtes. À partir de là, vos actions ne proviennent plus d'un attachement à un certain résultat. Vous pouvez lentement laisser tomber ce que vous pensez devoir arriver ou ne pas arriver.
Je rencontre beaucoup de personnes qui ont entrepris un voyage spirituel et se sont attachées à une nouvelle identité, à une identité "supérieure". Ils deviennent des guérisseurs et des chamans. Leaders de l'"Armée de l'amour". Enseignants et gourous. Tout cela, ce sont des histoires. Des histoires qui créent une réalité narrative. Lâcher prise sur ces histoires aussi, conduira finalement à ce que ou qui nous sommes vraiment. Ce qui, encore une fois, ne signifie pas que le guérisseur ou le chaman ne pratiquera plus en tant que guérisseur ou chaman. Peut-être. Peut-être pas. De l'extérieur, nous ne pouvons pas juger. Nous devons nous rapprocher, écouter et ressentir. Et n'oubliez jamais que les histoires ne sont que cela : des histoires.
Personnellement, j'aime rester dans mon histoire et savoir qu'il s'agit d'une histoire. J'aime explorer l'identité que j'ai créée et observer comment elle agit. Je sais que ce n'est rien d'autre qu'une identité que j'ai créée. Une histoire que je raconte. Et je peux la changer à nouveau, autant de fois que je veux et comme je veux. Je n'ai pas encore eu le courage d'aller au-delà de toute histoire. Toute identité. Comme je l'ai dit au début, j'ai eu des aperçus et je peux puiser dans le sentiment d'absence d'identité. Mais pour y rester ? Je suis encore un peu trop marqué pour découvrir ce qui se passe après. Pour l'instant, je préfère donc écrire un peu, explorer un peu plus cette identité. Et de puiser lentement dans ce sentiment de plus en plus souvent et de voir comment il résonne en moi... :)
*Adyashanti : emptiness dancing, publié en 2004 par Sounds True Inc.
Définition de l'illumination par Adyashanti : l'éveil de l'état de rêve de la séparation à la réalité de l'Un. Cela signifie : s'éveiller à ce que l'on est vraiment et l'être.
Définition de l'éveil par Adyshanti : Prendre conscience de ce que l'on est.
